Un pantin maléfique

Les médias nous auront donc donné la chance, une fois encore, cette semaine de goûter toute la sapience de Stéphane Dion qui pose en grand chasseur de mythe devant le monde des affaires de son comté de Saint-Laurent. Il n´y a pas de déséquilibre fiscal au Québec, c´est clair ! Avec toute l´autorité que lui confère son haut titre de ministre du vrai gouvernement, de celui qui s´occupe des affaires " nationales ", le voilà donc qui reprend sa cassette.

Tout le monde se trompe. Ottawa fait ce qu´il peut, il ne nage pas dans l´argent, c´est la province de Québec qui est mal gérée. Madame Marois a bien fait la preuve que tout cela n´est que manœuvre et manipulation puisqu´elle a produit un énoncé budgétaire où il apparaît que le Québec respire encore, preuve s´il en est que ce n´est pas vrai qu´il étouffe ! ... Et le reste est à l´avenant.

Peu importe, par ailleurs, qu´il dise vrai, qu´il dise faux, que le sophisme lui tienne lieu de mantra, Stéphane Dion n´est là que pour faire du brouillage. Il s´active donc. De conférence en discours, de séminaire en rencontre impromptue, l´homme de la clarté rayonne aux quatre coins de la bourgade. Ses déclarations, ses chiffres, ses graphiques sont donnés en pâture aux médias et commentateurs qui n´en finissent plus de faire semblant de les prendre au sérieux. Et tout cela nous vaut des articles, des éditoriaux, des commentaires et même de savantes dissertations de la part des titulaires des chaires canadiennes de machin-chouette qui polluent nos universités et centres de recherche. Et le tour est joué. Le monstre est nourri.

A la charge ensuite du Gouvernement du Québec de trouver le moyen de se rendre crédible et de faire porter sa voix au-delà du babillage provoqué et alimenté. Le procédé outaouais est grossier et odieux. Mais tel est l´objectif de cette propagande : tuer tout débat authentique en fabriquant du simulacre. Et surtout, le faire en posant au vertueux, en se donnant pour un modèle, un parangon de vertu démocratique.

Ottawa poursuit ainsi son assaut sur l´État du Québec en reconduisant l´une des grandes thèses de Trudeau : le peuple québécois est manipulé par les séparatistes, seul Ottawa peut l´instruire convenablement de ses intérêts et de ce qui est bon pour son avenir. Cela s´appelle la guerre de légitimité. Les intérêts nationaux, c´est à Ottawa que ça se définit.

En vérité, Dion l´épigone s´active non pas sur les termes du débat sur la fiscalité mais bien sur le statut du Gouvernement du Québec. Dans le Canada unitaire, c´est Ottawa qui est le détenteur de la légitimité démocratique fondamentale. Les politiciens provinciaux du Québec ne sont pas fiables, ils sont toujours tentés de se laisser séduire par le chant des sirènes du nationalisme. On ne s´explique pas autrement la faiblesse du Parti libéral du Québec qui a, lui aussi, osé penser qu´il y a un déséquilibre fiscal. Il faut les protéger contre eux-mêmes !

Les vrais paramètres du débat ne peuvent être définis que par Ottawa. L´information crédible ne peut venir que du seul gouvernement qui incarne la défense et la promotion du bien de la nation. Et il n´y en a qu´une au Canada. Ceux-là qui en doutent sont des esprits envoûtés. Et s´ils osent vouloir en débattre pour témoigner du primat du réel sur la fantaisie du plus fort, ils vont devoir subir l´exorcisme du professeur Dion. Il sait mieux que personne jusqu´où peut aller un pantin maléfique.

Robert Laplante
Mercredi le 3 Avril, 2002
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